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CHAPITRE VII.

f. 106 b.65. Et après avoir salué les pieds du Guide [des hommes], ils le sollicitèrent en lui disant : Expose la loi et réjouis-nous, ainsi que ce monde, par tes bons discours, toi qui es un lion parmi les Indras des hommes.

66. Ô grand Guide [des hommes], il y a longtemps qu’on ne t’a vu paraître dans les dix points de cet univers, ébranlant les chars de Brahmâ par un prodige destiné à éveiller les créatures.

67. À l’orient, cinquante mille fois dix millions de terres furent ébranlées, et les excellents chairs de Brahmâ qui s’y trouvaient, resplendirent d’un éclat extraordinaire.

68. Ces Dêvas connaissant ce prodige pour en avoir vu autrefois un pareil, se rendirent auprès de l’Indra des Guides du monde, et après l’avoir couvert entièrement de fleurs, ils lui firent l’offrande de tous leurs chars.

69. Ils le sollicitèrent de faire tourner la roue de la loi ; ils le célébrèrent en chantant et en lui adressant des stances ; cependant le roi des Indras des hommes gardait le silence, [parce qu’il pensait ainsi :] Il n’est pas encore temps pour moi d’exposer la loi.

70. De même au midi, à l’occident, au nord, au point placé sous la terre, aux points intermédiaires de l’horizon, ainsi qu’au point supérieur, mille fois dix millions de Brahmâs s’étant réunis,

71. Couvrirent de fleurs le Protecteur, et après avoir salué les pieds du Guide [des hommes], et lui avoir fait l’offrande de tous leurs chars, ils le célébrèrent et lui adressèrent de nouveau la même prière.

72. Fais tourner la roue de la loi, ô toi dont la vue est infinie ! On ne peut te rencontrer qu’au bout de nombreux kôṭis de Kalpas ; f. 107 a.enseigne-nous cette doctrine que, dans l’énergie de ta bienveillance, tu daignas répandre autrefois ; ouvre-nous la porte de l’immortalité.

73. Celui dont la vue est infinie, sachant quelle était leur prière, exposa la loi de beaucoup de façons différentes ; il enseigna les quatre vérités avec de grands développements : Toutes ces existences, [dit-il,] naissent [de l’enchaînement successif] des causes.

74. Le sage doué de vue, commençant par l’ignorance, parla de la mort dont la douleur est sans fin ; toutes les misères sont produites par la naissance ; connaissez ce que c’est que la mort des hommes ;

75. À peine eut-il exposé les lois variées, de diverses espèces, et qui n’ont pas de fin, que quatre-vingts myriades de kôṭis de créatures qui les avaient entendues, furent sans peine établies sur le terrain des Çrâvakas.

76. Il y eut un second moment où le Djina se mit à exposer amplement la loi ;