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APPENDICE. — N° VIII.

« peau] fine et dorée, » ce que les Tibétains rendent exactement par « la peau fine et de « la couleur de l'or. » Il manque cependant à cette version l'idée de lustre qui est fondamentale ici ; car il est certainement question en cet endroit moins de la peau que de son poli, de son lustre, qualités qui proviennent de sa finesse. C'est ce qui résulte de ces deux remarques, la première, que la couleur d'or de la peau fera plus tard l'objet d'un caractère spécial, comme je le montrerai dans mon résumé ; la seconde, que trois listes singhalaises accompagnent cet article de l'explication suivante : Sulihumaitâ tchkaviyâ radjô djallam kâyé na npalippati. «Par suite du poli qui résulte de la finesse [de sa peau], la « poussière mêlée à l'eau ne forme pas d'enduit sur son corps. »

18. Sthitô'navanatapralambabâhuḥ ; Lc16, L10, M8, D9 ṭhitakôva anônamantô abhôhi pânitalêhi djannuîcâni paHmasati pàrimadjdjati. Ce caractère signifie : « Debout et sans qu'il se baisse, ses bras lui descendent jusqu'aux genoux. » C'est ce qu'exprime également bien la version tibétaine ; « Quand il est debout et sans qu'il se penche, sa main arrive à a son genou. » Si ce' caractère ne manque pas à la liste népalaise, il y est singulièrement altéré sous le n° 12, pataruvâkatâ. Pâtura est-il quelque mot népalais qui aurait le sens de pendant ? est-ce seulement une altération, par le fait du copiste, de pralamba ? Je ne pourrais le décider absolument, mais la dernière supposition me paraît la plus probable. Cet attribut ne se trouve pas davantage dans le Vocabulaire pentaglotte ; cependant ce recueil, ne l'omet pas absolument, puisqu'il le place sous le n" di des quatre vingts signes secondaires de beauté, ainsi que nous le verrons plus bas. Il y est incorrectement écrit sihitâdjnanavanatapraîambaJiutâh ; il faudrait lire sihita évânavanatapralamhdbâhutâ', « la qualité d'avoir les bras pendants jusqu'aux genoux, étant debout et sans se baisser. » C'est exactement à cela que revient la définition des listes singhalaises, dont le sens est : « Tout en restant debout, et sans se baisser, il touche et frotte ses genoux de la paume de ses deux mains. » On sait que ce mérite est un de ceux dont les poètes brahmaniques aiment le plus à faire honneur aux héros indiens.

19. Sim̃hapûrvârdhakâyah ; V20 sidhasûrvârdhakâyah ; H18 sifnhapûrvârdhahâyatâ ; Loi 7, L17, M 16, D17 sihapubhaddhakâyô. Ce caractère signifie : « Il a la partie antérieure du corps semblable à celle du lion ; » c'est exactement de cette manière que l'entendent les interprètes tibétains. Il est évident que par cet énoncé on désigne la poitrine de l'homme privilégié dont on parle. Le compilateur singhalais du DharmapTadîpikâ cite, à l'occasion de ce caractère, un passage qui est très-probablement emprunté à un livre canonique ; je le rapporte ici à cause de l'idée curieuse qu'il renferme : Manâpiyêvn khô bJiikkhavê kammavipâké patcJitchupatihité yêhi aggêhi dighéhi sôlhati tdni aggâni dîghâni sanihihanti ; yêhi aggêhi rassêhi sôhhati tâni aggâni rassâni sanihihanti ; yêhi aggéhi thûléhi sôhhati tâni aggâni thûlâni sanihihanti ; yêhi aggêhi kisêhi sôhhati tâni aggâni kisânisanihihanti ; yêhi aggêhi puihuîêhi sôhhati tâni aggâni puthulâni sanihihanti ; yêhi aggéhi mandéhi sôhhati tâni aggâni mandâni santhihanti[1]. Ce texte formé par la répétition de six courtes phrases, répéti-

  1. Dharma pradîpikâ, f. 5 a.