Page:Burnouf - Lotus de la bonne loi.djvu/627

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
586
APPENDICE. — N° VIII.

sairement disparaître, des listes. Quant au sens du seul élément qui doive subsister, celui d’anapûrva, il doit être exactement rendu par effilé, puisque anapûrva s’applique à tout ce qui se développe successivement dans un ordre régulier.

7. Gûḍhaçiraḥ ; V7 nighûdhapiraḥ ; H6 gûḍhaçiratâ ; D49 nig͂gulhasirasatâ. Ce caractère signifie, « Il a les veines cachées, » comme l’entendent les Tibétains ; c’est évidemment un effet de la rondeur et de la plénitude de formes rebondies. Aussi A. Rémusat le commentait-il fort bien par ces mots:« veines profondes. qui ne font point saillie au dehors[1]. » On reconnaît aisément en quoi est fautif le Vocabulaire pentaglotte, qui confond d’ordinaire.9 ou f avec p. Ce caractère est exprimé dans le Dharma pradîpikâ avec une particularité d’orthographe qui ne peut cependant faire difficulté; il s’agit de l’addition d’une nasale g après la préposition ni, addition qui est dans l’esprit du singhalais:niggulha revient donc au pâli nigulha, qui est lui-mênàè le sanscrit nigûdha.

8. Gâdhagulphah ; Yq gddhagulphal}. ; RS gddhagulphatâ ; Dj nigulhagôpphakatâ. Ce caractère signifie, « Il a la cheville cachée » ou couverte, comme l’entendent les Tibétains. Le Vocabulaire pentaglotte est encore ici incorrect ; les autres listes s’accordent entre elles, sauf celle des Singhalais, qui lit nigulha au lieu de gûdha. Le Vocabulaire pentaglotte omet ici la préposition ni qu’il avait admise pour l’article précédent ; en ce point il est correct, sauf toutefois la mauvaise orthographe de dh pour dk.

9. Ghanasandkih ; V8 nirgrarnlhipirah; H7 nigranthiçiratâ. Ce caractère signifie:« Il a les articulations solides. » Cependant les interprètes tibétains le traduisent, d’après M. Foucaux, par « les articulations invisibles ; » ce qui semble indiquer que ghana a été pris par eux dans le sens à l’impénétrable, pour dire que les articulations sont engagées dans un corps si plein et si charnu qu’elles ne sont pas apparentes. Quant à la leçon, de la liste népalaise, et aussi à celle du Vocabulaire pentaglotte (sauf la faute déjà signalée qui la termine), elle s’éloigne au premier abord sensiblement de la version du Lalita vistara ; elle signifie : « II a les veines ou les muscles sans nœuds. » Cette divergence n’est cependant pas aussi considérable qu’on le pourrait croire ; car dire d’un homme que les muscles de ses membres n’ont pas de nœuds, c’est dire quelque chose de bien semblable à ceci, que « ses articulations ne sont pas apparentes. » On sait le vague qui existe sur la signification propre du mot cira, qu’on prend dans les diverses acceptions de « veine, nerf, muscle, tendon ; » et l’on.conçoit de même que les points où les membres s’attachent, c’est-à-dire les points de sandhi, puissent être attribués à la rencontre des cira. Je n’ai donc pas hésité à mettre sur le même rang nos trois listes ; il eût fallu sans cela constater une lacune, soit dans le Lalita vistara, soit dans le Vocabulaire pentaglotte et le Dharma sag͂graha réunis. Je n’ai pas indiqué la présence de cet attribut pour la liste singhalaise ; il y doit cependant exister, car je trouve, sous le n° 48, un caractère ainsi conçu, sirasatâ, caractère incomplet que le copiste de mon exemplaire du Dharma pradîpikâ n’avait sans doute pu lire en entier

  1. Mélanges asiat. t. I, p. 170.