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APPENDICE. — N° VIII.

pagatâilakâlagâtratâ ; D25 tilakâdirahitagattatâ. Ce caractère signifie : « Son corps est exempt de tout ce qui peut en altérer l’éclat, et de toutes les taches noires qui pourraient le déparer ; » les Tibétains disent plus brièvement, mais moins littéralement : « Son corps est exempt de taches bleues ou noires, » à peu près comme les Chinois, « corps sans taches de différentes couleurs. » Il ne peut exister le moindre doute sur le sens de l’énoncé du Lalita vistara, tel que je viens de le reproduire ; on doit remarquer seulement que, d’après Wilson, il faudrait lire nîlika, au lieu de nîlaka que donnent nos trois manuscrits. Ce point n’est d’ailleurs pas d’une grande importance, les deux orthographes de ce mot, dont le sens n’est pas douteux, ayant pu coexister à la fois. Quoique moins développé et très-certainement fautif, l’énoncé du Vocabulaire pentaglotte nous conduit sans aucun doute au même sens. Il y manque, il est vrai, tchtchhavidôcha, « imperfection qui altère l’éclat ; » mais les quatre syllabes tikâlaka, qui, telles qu’elles sont ici, ne donnent pas de sens, doivent cacher soit le nîlaka, « taches noires » du Lalita vistara, soit le tilaka de la liste singhalaise, qui revient«à peu près au même. La liste népalaise est, selon toute apparence, fautive aussi ; quant à celle des Singhalais, elle se traduit très-littéralement et tout à fait d’accord avec le Lalita vistara par : « la qualité d’avoir les membrs exempts de taches ou « de toute autre imperfection. »

49. Vrittadamchtrah ; V55 vrïttadamchtah ; H54 vrïttadafhchiraiâ ; D34 vattadâthatd. Ce caractère signifie, « Il a les dents canines, arrondies, » comme disent les Tibétains, qui cependant ne distinguent pas ici dafhchtrâ de danta, comme cela serait nécessaire. L’unanimité de nos trois autres listes nous dispense de toute observation ; on remarquera seulement que le Vocabulaire pentaglotte est ici fautif, comme presque toujours. J’ajoute ici, une fois pour toutes, la preuve que les lexicographes indiens ne confondent pas dafhchirâ avec danta. Le plus récent de tous, Râdhâ Kânta Dêva, dans son Trésor de la langue sanscrite, donne sur le mot dafhchtrâ cette définition, dantaviçêchah, « c’est une espèce particulière de dent[1] » et il renvoie au Vocabulaire de Hêmatchandra, où nous trouvons ces trois mots dâdhâ, dafhchirâ, djambhah, exactement traduits dans Boehtling par le mot œillère[2]. Il est probable que dafhchirâ désigne non-seulement les œillères, mais aussi les quatre canines en général ; car dafhchtrâ signifie également les défenses du sanglier, les dents de Téléphant. Quoi qu’il en soit, dafhchtrâ ne peut être confondu avec danta. Je remarque encore l’analogie que l’un des synonymes donûé par Hêmiatchandra, dâdhâ. offre avec le pâli dâthâ, qui correspond au sanscrit dafhchtrâ ; on ne peut méconnaître dans dâdhâ l’influence très-visible du pràkrit ou du pâli.

50. Tikchnadafhchtrah ; V56 tikchnadafhchtah ; H55 tikchnadafïichtratâ. Ce caractère signifie, « Il a les canines pointues ; » les Tibétains disent moins exactement, . : Il a les dents incisives. » Les deux autres listes sont d’accord sur cet attribut qui manque dans la liste singhalaise. L’énoncé du Vocabulaire est très-fautif ; il faut le corriger par celui du Lalita vistara.

  1. Râdhâ Kânta Dêva, Çabda kalpadruma, t. II, p. 1293 et 1345.
  2. Abhidhâna tchintâmani, st. 583, p. 106, éd. Boehtl. et Rieu.