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APPENDICE. — N° VIII.

Svastika et autres, mais sur les parties du corps où l’on croit en apercevoir l’image. L’énoncé en est fautif dans le Vocabulaire pentaglotte et dans la liste népalaise ; cependant, en remplaçant muhtika par svastika, en lisant avorta au lieu de âvaritala, on a ce sens : « la qualité d’avoir la paume de la main et la plante des pieds marquées du Çrîvatsa, du Svastika et du Nandyâvarta. » C’est également sur ces parties du corps que le Vocabulaire pentaglotte place ces signes fortunés ; en lisant çrîvatsa au lieu de çrivarpa, svastika au lieu de svastika, nandyâvarta au lieu de natyâvartta, tchihnita au lieu de lalita, on traduira : « Il a les pieds et les mains marqués du Çrîvatsa, etc. » Il n’est pas facile de déterminer actuellement laquelle est la meilleure leçon de celle du Lalita vistara ou de celle du Vocabulaire pentaglotte. La place où paraît le quatre-vingtième et dernier attribut secondaire, à la suite des attributs tirés de la chevelure, milite au premier abord en faveur du Lalita ; mais deux listes, celle des Népalais et celle des Chinois, donnent l’avantage à l’autre énumération. Je remarque en outre que la description qu’on donne chez les Buddhistes siamois et singhalais de l’empreinte du pied de Çâkyamuni Buddha, commence justement, ainsi qu’on le verra plus bas dans la section IV, par ces quatre figures plus ou moins imaginaires ; or, pour que ces figures occupent la première place dans l’énumération des images qu’on croit reconnaître sur cette empreinte, il faut qu’on ait été accoutumé aies chercher sur le pied lui-même. Dans l’hypothèse que j’expose, le quatre-vingtième et dernier caractère qui se rattache au trente et unième Lakchana analysé plus haut, aurait servi de transition pour passer à la description de l’empreinte du pied fortuné.

Reste le dernier numéro de la liste singhalaise, qui, je l’avoue, offre quelque difficulté. Si au lieu de Kêtumâlâ le texte donnait Kêtumâla, on traduirait : « la qualité d’avoir la couleur des joyaux du Kêtumâla. » Mais que faudrait-il entendre par les joyaux du Kêtumâla ? Ce dernier nom est celui d’une des divisions mythologiques du continent indien ; mais je ne trouve pas dans l’indication qu’en donne le Vichṇu purâṇa, que cette terre soit remarquable par ses pierres précieuses. D’ailleurs c’est bien Kêtumâla que porte la liste singhalaise, et nous allons bientôt reconnaître que telle est la véritable orthographe. En effet, ce mot, que je ne trouve dans aucun des dictionnaires qui sont à ma disposition, est employé par le Mahâvam̃sa, et cela à l’occasion d’une représentation de Çâkyamuni qui apparut au roi Açôka. Voici au milieu de quels termes est placé ce mot :

Dvattim̃salakkhçinûpêtam̃ asîtibyañdjanudjdjalam̃
byâmappabhâparikkkittam̃ kêtamâlâbhisôbhitam̃[1] ;

ce qui doit se traduire, sauf le dernier mot : « revêtu des trente-deux caractères, brillant de l’éclat des quatre-vingts signes, enveloppé d’une auréole qui s’étendait à la distance d’une brasse et orné des Kétumâlâs. » Je dis Kêtumâla, au pluriel, sur l’autorité de Mahânârna, qui, dans son commentaire du Mahâvam̃sa, représente Kétumâlâbhisôbhitam̃ par Kétumâlâhi abhisôbkitam[2]. Il n’explique malheureusement pas davantage ce terme, qui doit exprimer un trait des perfections physiques du Buddha ; mais Turnour le rend ainsi : « surmonted by the lambent flame of sanctity. » Turnour entend certainement par là cette

  1. Mahâwanso, t. I, chap. V, p. 27, l. 11.
  2. Mahàvam̃sa ṭîkâ, f. 75 a.