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Page:Burnouf - Lotus de la bonne loi.djvu/694

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APPENDICE. — N° X.

paraison à laquelle je devais soumettre les textes du Nord écrits en sanscrit, et ceux de Ceylan écrits en pâli. J’ai donc étudié de nouveau ces inscriptions non pas seulement sous le rapport de la langue, mais encore sous celui des idées. Tout en acceptant les résultats des travaux de Prinsep, de Lassen et de Wilson, j’ai porté surtout mon attention sur les points qu’ils avaient laissés encore obscurs. Et j’ai pu me convaincre que ces monuments épigraphiques renfermaient, vu leur peu d’étendue, un nombre considérable de termes et d’expressions qui appartiennent au langage et à la doctrine authentique du Buddhisme.

On comprend maintenant et le but de ce travail de révision, et la place que je lui ai donnée ici. Interprétant le texte sanscrit du Lotus, je ne pouvais pas me priver du secours que m’offraient des monuments dont le témoignage, quelle qu’en soit la véritable date, n’a pu être altéré depuis le moment où il a été inscrit sur la pierre qui l’expose à nos yeux. Et d’un autre côté, devant les examiner plus tard sous le rapport de leur origine et de leur contenu, je ne pouvais pas négliger d’indiquer dès à présent ce que mes études me permettaient d’ajouter aux secours que l’on possède déjà pour les interpréter.

Dans le cours de cette révision, j’avais placé sous chacune des expressions du Lotus les termes correspondants que me fournissaient les inscriptions de Piyadasi ; mais je m’aperçus bientôt que cette disposition n’était pas la plus propre à bien faire apprécier le caractère spécial du langage et des idées de ces inscriptions. Il m’a paru préférable, pour l’objet particulier et le plus important de cette note, de réunir les remarques résultantes de cette révision dans une seule dissertation que j’ai divisée en autant de paragraphes que j’avais trouvé de termes qui me paraissaient mériter l’attention du lecteur. Si j’ai introduit cette note à l’occasion du mot anyatra, c’est que ce mot est une des expressions qui s’y répètent le plus souvent. Une fois ce terme retrouvé dans les inscriptions de Piyadasi, je procède plus librement à l’examen des passages où je crois reconnaître soit une trace de Buddhisme, soit un point obscur que je puis éclaircir ; et je ne suis plus dès lors, pour la disposition des paragraphes, d’autre règle que celle d’éviter de répéter des explications déjà précédemment données. Puis, à la fin de ces recherches, j’ajoute quelques indications sommaires sur d’autres monuments de même genre sur lesquels je désirerais voir se porter l’attention des orientalistes. Après ces explications que je crois suffisantes, je commence par l’interprétation du mot anyatra.

§ I. sur le mot anyatra.

Le terme que j’ai traduit par « à l’exception de, » vers la fin du chapitre iii, f. 39 a, est dans le texte anyatra, littéralement autre part. Ce terme, pris dans le sens de « sauf, excepté, » est parfaitement classique ; on doit remarquer cependant qu’on en fait beaucoup plus fréquemment usage dans le sanscrit des Buddhistes que dans celui des Brâhmanes. Sous la forme de annatra il n’est pas moins familier aux Buddhistes du Sud. Ainsi je trouve dans le Djina alam̃kâra : Dutchtcharita bandhanêna baddhô lôkasannivâsô ; lassa tattaññô kôtchi bandhanâ môtchêtâ aññatra mayâti. « L’homme est enchaîné au séjour du