Page:Burnouf - Lotus de la bonne loi.djvu/88

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beaux et doux pour en revêtir de sales, prenant de la main droite un panier, couvrant ses membres de poussière, criant de loin, se rende dans l’endroit où est le pauvre, et qu’y étant arrivé, il parle ainsi : Portez ces paniers, ne vous arrêtez pas, enlevez la poussière ; et que par ce moyen il adresse la parole à son fils, qu’il s’entretienne avec lui et qu’il lui dise : Fais ici ce service, ô homme ; tu n’iras plus nulle part ailleurs, je te donnerai un salaire suffisant pour ta subsistance. Les choses dont tu auras besoin, demande-les-moi avec confiance, qu’elles vaillent un Kunda[1], un Kundikâ[2], un Sthâlika[3], un Kâchtha ; que ce soit du sel, des aliments, un vêtement pour le haut du corps. J’ai un vieux vêtement, ô homme ; si tu en as besoin, demande-le-moi, je te le donnerai. Tout ce dont tu auras besoin ici en fait de meubles, je te le donnerai. Sois heureux, ô homme ; regarde-moi comme ton propre père. Pourquoi cela ? C’est que je suis vieux et que tu es jeune, et que tu as fait pour moi beaucoup d’ouvrage, en nettoyant l’endroit où l’on jette les ordures, et qu’en faisant ton ouvrage tu n’as donné aucune preuve de mensonge, de fausseté, de méchanceté, d’orgueil, d’égoïsme, d’ingratitude ; je ne reconnais absolument en toi, ô homme, aucune des fautes que je remarque dans les autres domestiques qui sont à mon service. Tu es maintenant à mes yeux comme si tu étais mon propre fils chéri.

Qu’ensuite, ô Bhagavat, le maître de maison appelle ainsi ce pauvre homme : Ô mon fils ! et que le pauvre homme reconnaisse son père dans le maître de maison qui est en face de lui. Que de cette manière, ô Bhagavat, le maître de maison, altéré du désir de voir son fils, lui fasse nettoyer pendant vingt ans l’endroit où l’on jette les ordures. Qu’au bout de ces vingt ans, le pauvre homme ait acquis assez de confiance pour aller et venir dans la maison du riche, mais qu’il demeure dans sa hutte de chaume. Qu’ensuite, ô Bhagavat, le maître de maison sente qu’il s’affaiblit ; qu’il reconnaisse que le moment de sa fin approche, qu’il parle ainsi au pauvre homme : Approche, ô homme ; cette grande fortune en or, en Suvarnas, en richesses, en grains, en trésors, en greniers, en maisons m’appartient. Je me sens extrêmement faible ; je désire quelqu’un à qui la donner, qui puisse l’accepter, dans les mains de qui je puisse la déposer. Accepte donc tout. Pourquoi cela ? C’est que, de même que je suis maître

  1. Un pot, ou une bouteille.
  2. Un petit pot.
  3. Un chaudron, ou un vase de terre.