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§ 461. Prohibere nē ou quominus.

Après les verbes qui marquent obstacle ou empêchement, comme prohibēre, recusare, impedire, obstare, deterrēre, et autres semblables, le verbe de la proposition subordonnée se met au subjonctif avec ne ou quominus : Id prohibere debuisti ne fieret, Cic (vous avez dû empêcher que cette chose ne se fît). — Impedior verecundiā ne te pluribus verbis rogenm, Cic. (la discrétion m’empêche d’insister davantage). — Parmenio regem deterrere voluit, quominus medicamentum biberet[1], Q. C. (Parménion voulut détourner le roi de prendre le breuvage).

Rem. Il ne faut pas confondre vetare (défendre) avec les verbes précédents. On a vu, §225, qu’il prenait pour complément une proposition infinitive. Le peu d’exemples où il est suivi du subjonctif, avec ne (exprimé ou sous-entendu), appartiennent surtout à la poésie.

§ 462. Nihil obstat quin, ou quominus.

Si la proposition principale est négative, c’est quin ou quominus que l’on met avant le second verbe : « L’âge ne nous empêche pas de conserver le goût de l’agriculture jusqu’à une extrême vieillesse, » Ætas non impedit quominus agri colendi studia teneamus ad ultimum tempus senectutis, Cic. — « Il n’a pas tenu à moi qu’il n’y eût entre nous une amitié solide, » Non per me stetit, quominus firma inter nos amicitia esset.

Rem. Le tour interrogatif produit le même effet que la négation : « Rien n’empêche, quelle chose empêche que vous ne soyez heureux ? » Nihil obstat, quid obstat, quin sis beatus ?

§ 463. Non multum abest quin.

Peu s’en faut, Il ne s’en faut pas beaucoup, etc., s’expriment par non multum, haud multum abest, et que… ne par quin : « Il s’en fallut peu que Tibère ne fût tué par un Bructère, » Non multum abfuit, quin a Bructero quodam occideretur Tiberius, Suét[2].

On dit aussi, quoique plus rarement, paulum abest, nihil abest ; mais parum abest ne se trouve dans aucun auteur latin : Paulum abfuit quin Varum interficeret, Cés. (peu s’en fallut

  1. Quominus biberet représente ut eo minus biberet, afin qu’il bût d’autant moins, c-à-d. qu’il ne bût pas.
  2. Cf. Tit. Liv. XXXI, 37, et XXXIX, 49.