Page:Busoni - Chefs-d’œuvre poétiques des dames françaises, 1841.djvu/133

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Il est encor ; la troupe en est petite.
Amour d’un mois est amour décrépite.
Amans brutaux sont les plus applaudis.
Soupirs et pleurs feroient passer pour grue.
Faveur est dite aussitost qu’obtenue :
On n’aime plus comme on aimoit jadis.

Jeunes beautés en vain tendent filets :
Les jouvenceaux, cette engeance maudite,
Font bande à part près des plus doux objets ;
D’estre indolent chacun se félicite.
Nul en amour ne daigne être hypocrite ;
Ou si par fois un de ces étourdis
A quelques soins s’abaisse et s’habitue,
Don de mercy seul il n’a pas en vue :
On n’aime plus comme on aimoit jadis.

Tous jeunes cœurs se trouvent ainsi faits.
Telle denrée aux folles on débite.
Cœurs de barbons sont un peu moins coquets ;
Quand il fut vieux, le diable fut hermite.
Mais rien chez eux à tendresse n’invite.
Par maints hivers désirs sont refroidis.
Par maux fréquens humeur devient bourrue.
Quand une fois on a teste chenue,
On n’aime plus comme on aimoit jadis.