Page:Busoni - Chefs-d’œuvre poétiques des dames françaises, 1841.djvu/137

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Aucun défaut ne s’y déguise ;
Aux rois comme aux bergers vous les reprochez tous.
Aussi ne consulte-t-on guère
De vos tranquilles eaux le fidèle cristal ;
On évite de même un ami trop sincère ;
Ce déplorable goût est le goût général.
Les leçons font rougir, personne ne les souffre :
Le fourbe veut paroître homme de probité.
Enfin, dans cet horrible gouffre
De misère et de vanité,
Je me perds ; et plus j’envisage
La foiblesse de l’homme et sa malignité,
Et moins de la Divinité
En lui je reconnois l’image.
Courez, ruisseau, courez ; fuyez-nous, reportez
Vos ondes dans le sein des mers dont vous sortez ;
Tandis que pour remplir la dure destinée
Où nous sommes assujettis,
Nous irons reporter la vie infortunée,
Que le hasard nous a donnée,
Dans le sein du néant d’où nous sommes sortis.


LES FLEURS.

IDYLLE.


Que votre éclat est peu durable,
Charmantes fleurs, honneur de nos jardins !
Souvent un jour commence et finit vos destins,
Et le sort le plus favorable
Ne vous laisse briller que deux ou trois matins.
Ah ! consolez-vous-en, jonquilles, tubéreuses :