Page:Busoni - Chefs-d’œuvre poétiques des dames françaises, 1841.djvu/143

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.



LETTRE

A M. LE PELLETIER DE SOUZY,

INTENDANT DE FLANDRE.


Il ne vous plaist donc plus de mettre
Pour moy quelque chose de doux
Dans les lettres de mon époux ?
D’un pareil procédé que puis-je me promettre ?
Ah ! si je n’en montrois de vifs ressentimens,
Vostre paresse avec le temps
Pourroit encor plus se permettre.
Quoy ! du plus éclairé de tous les intendans
Tous les huit jours voir une lettre
Sans rencontrer mon nom dedans ?
Non, je ne sçaurois m’en remettre,
Et je ne suis point faite à de tels accidens.
Peut-estre avez-vous cru que c’estoit assez faire
Que d’avoir fait les premiers pas,
Et que je ne méritois pas
Qu’un peu plus loin on poussast une affaire.
Je ne veux point ici vous vanter mes appas :
Mais, soit dit entre nous, quand il s’agit de plaire,
Vous estes un peu trop tost las.
Pour s’établir dans les cœurs délicats,
L’empressement est nécessaire,
Et de vous autres magistrats
Ce n’est pas la route ordinaire
Accoutumez qu’on vous fasse la cour,
Vous ne pouvez la taire aux autres :