Page:Busoni - Chefs-d’œuvre poétiques des dames françaises, 1841.djvu/215

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MADAME DE VILLEDIEU.


Madame de Villedieu (Marie-Catherine-Hortense), fille du prévôt d’Alençon, naquit dans cette ville en 1632. Elle épousa en secondes noces M. de Chatte, et ensuite M. des Jardins. Cette dame a fait plusieurs ouvrages, tant en vers qu’en prose ; ses poésies fugitives sont ce qu’on estime le plus. Elle est morte en 1683.


EGLOGUE.


Enfin, cher Clidamis, l’amour vous importune ;
Vous suivez le parti de l’aveugle Fortune :
Les exemples fameux des révolutions
Qu’elle fait éprouver à tant de nations,
Des trônes renversés, des familles éteintes,
Qui troublent l’univers par leurs trop justes plaintes ;
La foule des héros qu’elle traîne au cercueil,
N’ont pu vous garantir de ce funeste écueil.
Pour elle vous quittez votre innocente vie,
Qui de tant de douceurs avoit été suivie ;
Pour elle vous quittez cet aimable séjour,
Où règnent pour jamais l’innocence et l’amour.
Le désir des grandeurs étouffe votre flamme ;
La cour et ses appas me chassent de votre ame.
Ma cabane n’est plus digne de vous loger :
Vous êtes courtisan et n’êtes plus berger.
Eh bien, cher Clidamis, suivez votre génie,
Acquérez, s’il se peut, une gloire infinie,