Page:Busoni - Chefs-d’œuvre poétiques des dames françaises, 1841.djvu/247

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SUR SA PROCHAINE MORT.


Bientôt la lumière des cieux
Ne paroîtra plus à mes yeux ;
Bientôt quitte envers la nature,
J’irai, dans une nuit obscure.
Me livrer pour jamais aux douceurs du sommeil.
Je ne me verrai plus, par un triste réveil,
Exposée à sentir les troubles de la vie.
Mortels qui commencez ici-bas votre cours,
Je ne vous porte point envie ;
Votre sort ne vaut pas le dernier de mes jours.

Viens, favorable mort, viens briser des liens
Qui, malgré moi, m’attachent à la vie ;
Frappe, seconde mon envie ;
Ne point souffrir est le plus grand des biens.

Dans ce long avenir j’entre l’esprit tranquille ;
Pourquoi ce dernier pas est-il si redouté ?
Du maître des humains l’éternelle bonté
Des malheureux mortels est le plus sûr asyle.