Page:Busoni - Chefs-d’œuvre poétiques des dames françaises, 1841.djvu/330

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ÉPITRE AUX FEMMES.
FRAGMENTS.

Les femmes-poètes ont été attaquées en beaux vers ; madame Pipelet prouve, par ses raisons, que les femmes doivent faire des vers si cela leur plaît, et, par son exemple, qu’elles en peuvent faire de fort bons.

Elle commence par établir une parfaite égalité entre les deux sexes.

Si la nature a fait deux sexes différens,
Elle a changé la forme et non les élémens.
Même loi, même erreur, même ivresse les guide :
L’un et l’autre propose, exécute ou décide :
Les charges, les devoirs, entre eux deux divisés,
Par un ordre immuable y restent balancés.
Tous deux pensent régner, et tous deux obéissent :
Ensemble ils sont heureux ; séparés, ils languissent :
Tour à tour l’un de l’autre, enfin, guide et soutien,
Même en se donnant tout, ils ne se doivent rien.

L’homme, ayant méconnu cette égalité et s’étant érigé en tyran, n’est ramené à des sentiments plus doux que par le réveil de ses sens. Alors il obéit, il est esclave à son tour ; mais cet empire que reprennent les femmes est passager comme leurs charmes. C’est aux sciences, à la poésie, aux arts, à l’affermir, à en prolonger la durée. L’auteur les invoque au nom de tout son sexe.