Page:Busoni - Chefs-d’œuvre poétiques des dames françaises, 1841.djvu/59

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Là en l’ombre me séoie
Soubz un chaine, et essayoye
A ouvrer de filz de laine,
En chantant à haulte alaine.
Ceinturètes je faisoie,
Euvrées comme ce fust soye ;
Ou je laçoye coyfettes
Gracieusètement faittes,
Bien tyssues et entières ;
Ou raisiaux, ou panetières
Où l’on met pain et fromage.
Dessoubz le chaine ramage
S’assembloient pastourelles
Et non mie tout par elles ;
Ainçois veissiez, soir et main,
Son ami parmi la main
Venir chascune tenant ;
Plus de vingt en un tenant,
Dont l’un flajolant venoit
Et l’autre un tabour tenoit,
L’autre musète ou chievrète.
N’il n’y avoit si povrète
Qui ne fust riche d’ami !
. . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . .
« Partir me fault sanz demour
Pour aller en tel voyage ! »
Ha Dieux ! com piteux visage,
Lassète, adonc je faisois !
Et par grant dolour disoye :
« Or, me voulez-vous occire,
Ma doulce amour, mon doulx sire,
Qui ja vous voulez partir !
Morte une fois, sanz mentir,