Page:Busoni - Chefs-d’œuvre poétiques des dames françaises, 1841.djvu/89

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L’un voudra s’esgayer, orné d’un beau ramage ;
Sus, un hymne mondain qui, de sa voix, les cœurs
Des hommes va charmant ; l’autre dira des mœurs.
L’un à mespris aura la loi de mariage ;

L’autre, d’un vers doré des célestes flambeaux,
Qui de Mars, qui des rois, qui des humides eaux,
Qui d’Amour, qui des cieux, qui dira de sagesse :

Quant à moy, je ne veux désormais que mes vers
Chantent, sinon le los de Dieu par l’univers,
Luy offrent tout le fruict de ma tendre jeunesse.


ÉLÉGIE

En faveur et personne du seigneur Gratien Messonier, mon cousin,
passionné pour l’amour chaste et honnête de Lucrèce.


Trois ans étoient coulés en la fleur de mon âge,
Avant que j’eus jamais assuré témoignage,
Du réciproque amour de celle en qui les dieux
Prenoient plaisir à mettre et mon cœur et mes yeux.
J’avois la face triste et le visage pâle,
Perdant le souvenir de mon courage mâle.
L’un me disoit : Ami, il faut laisser l’amour
Et jouir en vivant de la clarté du jour.
Prendre ses passe-tems à la pêche, à la chasse ;
Voir courir un levrot qu’un lévrier pourchasse.
Avoir un chien couchant, chasser à la perdrix,
Et non point s’adonner aux ennuis de Cyprix.