Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/12

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Toutefois nous devons faire une distinction. Quand nous constatons l’authenticité des faits, nous n’avons garde d’entendre parler des descriptions, des conversations ou des lettres : le fait étant donné, l’auteur en a souvent tiré des conséquences qu’il restera toujours impossible de vérifier, et qui, pour cette raison, compromettent sa véracité et tendent à diminuer la confiance. Telle entrevue, tel discours, tel billet, n’a peut-être jamais existé que dans l’imagination de l’écrivain ; s’il est resté, en les inventant, dans les limites de la vraisemblance, s’il n’a pas démenti les caractères ou introduit des circonstances qui se contredisent, il n’a rien fait dont nous puissions le reprendre, il ne nous a pas fourni d’armes contre lui, et, tout en observant à sa manière les lois du roman, il n’a point failli au rôle d’historien que nous croyons pouvoir après coup lui imposer.

Notre préoccupation unique, dans le commentaire qui accompagne ces libelles, a été de montrer dans quelle mesure on pouvoit en accepter comme vraies les données ; nous avons cru utile de présenter à des lecteurs plus ou moins portés au doute le contrôle des faits qui leur étoient soumis, d’indiquer parfois les erreurs, de confirmer les vérités, de provoquer l’examen. Notre tâche étoit donc tout autre que celle dont s’est acquitté, avec tant d’esprit et de savoir, M. P. Boiteau, le commentateur de Bussy. De ce que ces livres ne doivent point à leurs auteurs un mérite propre qui les soutienne, et de ce que les récits graveleux qu’on y rencontre sont de nature à éloigner le lecteur plutôt