Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 4, éd. Boiteau, 1876.djvu/9

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

aussi que Mme de Soubise, voulant échapper à la poursuite du Roi, se crut obligée de quitter la Cour et de se réfugier à la campagne : l’histoire de la comtesse de L… est toute semblable.

Mis ainsi sur la voie, nous nous sommes rappelé que Mme de Soubise avoit trouvé grâce même devant un des pamphlétaires de l’Histoire amoureuse (voy. t. III, p. 147) ; nous avons ensuite consulté Saint-Simon et Dangeau. Dangeau ne nous apprend rien, sinon que, du temps où il écrivoit son Journal, Mme de Soubise suivoit assidûment la Cour. Mais Saint-Simon nous renseigne plus complètement ; de tout ce qu’il dit de la princesse, il ressort que Mme de Soubise fut en effet aimée du Roi, qu’elle conserva toujours sur lui un crédit dont elle usa largement dans l’intérêt de sa famille et d’elle-même, et qu’il ne fut porté aucune attaque sérieuse à la réputation que lui ont faite tous ses contemporains. Toutefois le duc ne pense pas que sa vertu ait été sans tache : mais à qui a-t-il fait cet honneur de croire que les faveurs ne s’obtenoient pas par des complaisances, dût-il, pour donner cours à sa malignité, rompre en visière à l’opinion publique ?

C’est pour concilier à la fois l’estime unanime des contemporains avec la médisance de Saint-Simon que nous avons laissé place à un doute qui n’existe pas d’ailleurs dans notre esprit, et que, tout en admettant que la comtesse de L… peut être la princesse de Soubise, nous avons réservé l’opinion de ceux qui, après Saint-Simon, voudroient conserver des doutes sur sa vertu.

Ce n’est pas sans regret que nous avons fait cette part au doute ; nous aurions aimé placer au moins dans notre galerie une femme sûrement honnête ; mais l’histoire ne s’écrit pas avec le sentiment, et, si nous n’avons pas trouvé un juste dans Israël, nous l’avons du moins consciencieusement cherché.

Notre tâche est terminée. Le long travail auquel