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et âgées, remplacent le corset par un corsage sans manche, décolleté, fait de toile très forte et boutonné par devant. Il suffit tout à fait pour soutenir les seins plus ou moins grands ».

En Allemagne, en Suisse, en Hollande, en Autriche, le corset a toujours été en honneur. Depuis Sœmmerings, les médecins de ces différents pays luttent en vain contre cet ennemi de la beauté et de la santé.

Le Dr Monin a conté avec sa verve habituelle une phase curieuse de l'importation du corset en Amérique : « Sait on quelle est la branche qui a le plus bénéficié de l'abolition de l'esclavage au Brésil ? C'est le commerce des corsets.

Le décret d'abolition n'était pas plutôt promulgué que toutes les dames et les demoiselles émancipées se précipitaient en masse compacte chez les corsetières pour se procurer à tout prix cet objet de toilette intime.

Il est bon de dire que le port du corset était, de temps immémorial, interdit aux femmes esclaves.

Cet instrument de torture qui écrase la gorge et vous fait le foie comme une gourde, était, de par la loi, monopolisé par les femmes libres. Il avait donc pour les femmes esclaves tout l'attrait du fruit défendu.

Les corsetières du Brésil n'ont pas vendu, en trois jours, moins d'un demi-million de corsets. »

S'il faut en croire Larousse, le corset parfait existe aux Indes :

« Certes, dit-il, nous ne proscririons pas ce vêtement si nos dames pouvaient imiter la bayadère de l'Inde.