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LE VAMPIRE.

s’abstenir de fréquenter, uniquement par condescendance pour elle, un monde dont la seule vue paraissait l’affecter si fortement. Quand ses tuteurs s’aperçurent que les conseils et les prières de sa sœur étaient inutiles, ils jugèrent à propos d’interposer leur autorité ; et craignant qu’Aubrey ne fut menacé d’une aliénation mentale, ils pensèrent qu’il était grandement temps qu’ils reprissent la charge qui leur avait été confiée par ses parents.

Désirant ne plus avoir à craindre pour lui le renouvellement des souffrances et des fatigues auxquelles ses excursions l’avaient souvent exposé, et dérober aux yeux du monde ces marques de ce qu’ils nommaient folie, ils chargèrent un médecin habile de résider auprès de lui pour le soigner, et de ne le jamais perdre de vue. À peine Aubrey s’aperçut-il de toutes ces mesures de précaution, tant ses idées étaient absorbées par un seul et terrible objet. Renfermé dans son appartement, il y passait souvent des jours entiers dans un état de morne stupeur dont rien ne pouvait le