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Page:César - Au moulin de la mort, 1892.djvu/168

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— Ah ! permettez-moi de vous remercier encore, au nom de mon père et en mon nom personnel. Je viens de contracter envers vous une double obligation qui me liera jusqu’au-delà de la tombe. Mais comment se fait-il qu’il ne soit même pas arrivé sur le Doubs ? Je vous ai dit, je crois, qu’on ne l’a pas vu à l’auberge, où il devait cependant passer.

— Hélas, je ne puis vous satisfaire ! Sa disparition ma surprend autant que vous. Aura-t-il rencontré une autre troupe de paysans ? C’est possible. Ah ! c’était un rude temps ! On parcourait toute la contrée, à la traque des fugitifs. Pauvre homme ! Mon intervention ne lui aura pas été d’une grande utilité. Il voulait me payer, m’offrir une somme : naturellement, je refusai, les bonnes actions portant en elles-mêmes leur récompense. J’aimais la révolution, j’avais été un des premiers aux réunions populaires, je travaillais de toutes mes forces à rendre libre le paysan de France. Cela ne m’empêchait pas, toutefois, d’avoir pitié des infortunés.

— Je bénis l’incident qui m’a poussé à votre porte. À cette heure, il me reste au njoins une douloureuse certitude : c’est d’ici