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le forgeron de thalheim

poussez peut-être au désespoir. Libre à vous ! Mais, sachez-le, vous n’avez pas le droit de violenter les sentiments de Suzanne. L’amour quelle éprouve pour mon fils est honnête et sacré. Prenez garde ! On ne fonde pas le bonheur d’une jeune famille en se jouant de ce qu’il y a de plus sublime au monde.

Joseph Teppen, encore une fois, est-ce votre dernier mot ?

— Parbleu ! c’est clair ! je crois m’être assez nettement exprimé.

— Dans ce cas, adieu ! Je ne franchirai plus le seuil de cette maison. Adieu, Marguerite !

— Non, vous ne partirez pas encore, dit tout à coup une voix.

C’était Suzanne, qui se précipita aux pieds de son père. Puis, levant sur lui ses beaux yeux bleus tout humides, elle dit :

— Père, père ! Aie pitié de ton enfant, de ta Suzel, que tu aimes tant, et qui te le rends bien, va ! Que veux-tu ? Cet amour pour Robert m’est venu sans que je sache comment ; il y a longtemps que je pense à lui. Depuis quand ? Je l’ignore. Il ne me disait pas qu’il avait pour ta fille une profonde affection, et, cependant, je n’en doutais point. Mon