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le forgeron de thalheim

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Le lendemain, à la pointe du jour. — ce qui ne veut pas dire de très bon matin, puisqu’on était à la fin de novembre — Robert ouvrait la porte de sa forge, le visage défait, pâli par les tourments d’une nuit sans sommeil. Il paraissait réellement abattu. Sans relâche ces paroles de Suzanne le poursuivaient : « ce soir, mon père m’a annoncé que le mariage se fera dans deux mois. » Il n’y allait pas par quatre chemins, Joseph Teppen.

Le pauvre garçon ! Combien il souffrait de cet amour qui s’était niché dans son cœur comme au son d’une fanfare joyeuse, comme l’éclosion d’une fleur rare sous un rayon de soleil ! Il s’était promis d’être fort et sa force s’émiettait, d’être confiant et sa confiance s’évanouissait, lorsqu’il réfléchissait à sa situation et considérait les hommes et les choses sous leur vrai jour. Suzanne succomberait. Le père briserait la volonté de la jeune fille.

Toutefois, quelques instants après, son courage renaissait. Suzanne était vaillante et