— Prenez garde ! La vérité ne reste pas longtemps cachée. Elle finit, tôt ou tard, par éclater au grand jour.
— Je ne la redoute pas, au contraire.
— Vous étiez en mauvais rapports avec votre victime ?
— Pardon, monsieur le juge ! Ce n’est pas ma victime, puisque je nie formellement que j’aie porté une main criminelle sur lui. Quant à nos relations réciproques, j’avoue qu’elles n’étaient pas agréables. Deux fois nous avons échangé de vives paroles ; même, un jour, il a osé me souffleter.
Et, en disant cela, sa voix tremblait.
— On vous représente comme un exalté. Vous n’aimez pas le nouvel ordre de chose établi ; vous haïssez l’Allemagne, votre patrie.
— Ma patrie est l’Alsace où je vis, et la France pour laquelle j’ai combattu.
— Où cela ?
— À Reichshofen.
— Nous arrivons à un sujet délicat. Vous aimez une jeune fille de Thalheim ?
— Je me dispense de répondre.
— Otto Stramm allait quelquefois chez les parents de celle que vous aimez, que votre mère a dû demander en mariage pour vous,