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le forgeron de thalheim

heim, vers sa mère !… vers… Il n’osait achever.

Robert avait été jeté dans la cellule des grands criminels. Toute relation avec le dehors lui était désormais interdite. On l’avait mis au secret. Il était là, le lendemain de son arrestation, triste et pensif, les yeux fixant de temps à autre une petite lucarne par où il entrevoyait un coin de ciel gris. Sa jeunesse n’avait eu que de rares sourires. À peine sorti de l’école, il avait fallu faire connaissance avec le travail et les peines de cet âge où l’on aime encore à folâtrer. Puis, le service militaire, la guerre, la défaite, le retour. Sa mère était seule. Il n’avait pas revu son père. Mais quel rayon de douce lumière traverse, inonde son cachot ? C’est le regard de deux yeux bleus, le regard de Suzanne. Le soleil de son printemps !

Comment Suzanne avait-elle accueilli l’événement ? Robert eût donné un monde pour le savoir. Le croyait-elle coupable ? Incertitude poignante ! Toutefois, un fait lui paraissait évident : elle n’aurait plus à subir les visites d’Otto Stramm, ni les prières et les menaces de son père pour la forcer à ce mariage avec le forestier, et, à cette pensée,