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le forgeron de thalheim

s’écroulait autour de lui ; la douleur et ses brisements aigus allaient être la compagne de ses dernières années. O la vie ! quelle triste chose souvent !

Singulière destinée que celle de certains hommes. Ils ont des besoins de bonheur, de repos ; ils pourraient jouir de ces biens tranquillement, car ils sont satisfaits du peu que le monde leur donne. Ils ont du soleil, de l’air, des fleurs et la liberté. La nature qui les entoure égaie leur esprit et les préserve des maladies. Eh bien, la fatalité les poursuit ; elle ne les épargne pas plus que les autres, les affamés, les assoiffés des richesses, des plaisirs et des honneurs. Elle les empoigne, elle les maltraite et quand elle les a assez tourmentés, elle les précipite dans un gouffre noir où ils tombent en poussant un dernier cri spasmodique et affreux !

Ce pieux pèlerinage accompli, Jean Schweizerl tourna enfin le dos au village de Thalheim et, seul sur la route couverte d’une neige durcie, il s’achemina d’un pas hâtif vers la ville prochaine.

Lorsqu’il s’annonça à la porte de la prison, on venait de conduire Robert Feller devant le juge d’instruction.