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LE FORGERON DE THALHEIM

— Oh ! Monsieur Stramm, fit-elle, toute rougissante.

— Eh bien ! Qu’avez-vous ? Vous secouez la tête ? Vous n’avez donc aucune confiance en moi ? Cependant, je suis sincère, quand je vous dis : Il m’a suffi d’un seul de vos regards pour m’apprendre que j’ai un cœur aussi.

Puis, lancé sur ce terrain, il ne s’arrêta pas de longtemps. Il parla de sa jeunesse solitaire, de ses rares joies d’étudiant et d’employé, sans cesse au travail, du matin au soir, sans une heure de bonne causerie, de tendre abandon. Il n’avait jamais aimé ; il était même fermement persuadé à son arrivée à Thalheim, que la jeune fille de ses rêves n’existait point, n’avait pas de nom, et, cependant, voilà que sa destinée mettait Georgette dans son chemin. Ce fut une déclaration brutale, d’autant plus décisive, d’autant plus enveloppante que Georgette n’y était pas préparée.

Les paroles d’Otto Stramm tombèrent comme des sons attendus dans l’âme vierge de la jeune bûcheronne. Elle ne vit pas le gouffre couvert de fleurs, qui l’attirait, n’eut pas la perception du danger qui la menaçait, ne songea pas à son père qui follement l’ai-