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Page:César - Le forgeron de Thalheim, 1885.djvu/91

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le forgeron de thalheim

son et, au milieu des flammes, on voit de puissantes bandes de fer ayant déjà la forme de cercle. C’est un ouvrage où l’on reconnaît le talent de l’ouvrier, et il faut être habile pour y réussir. Robert avait été à bonne école.

La joue brune, éclairée par le foyer incandescent, les manches de la chemise retroussée jusqu’au-dessus des coudes, le bras nerveux, rond et sillonné de veines bleuâtres, parfois d’un geste rapide rejetant une folâtre boucle de sa chevelure en arrière, Robert, sous l’empire de cette tranquillité que le travail évoque sur le front de l’homme, Robert était beau, superbement beau. Il représentait la vigueur masculine dans sa plus haute expression. Toute jeune fille qui l’eût ainsi aperçu auprès de ce flamboiement de braises, sa taille se découpant svelte et forte dans ce rayonnement de lumière crue, se fût, à coup sûr, arrêtée un instant pour l’admirer.

Son ouvrier l’aimait pour sa manière bienveillante d’expliquer les secrets du métier ; il le respectait parce que Robert témoignait une si profonde affection à sa mère. Né, comme son maître, de parents relativement pauvres,