Page:Côté - Bleu, blanc, rouge, 1903.djvu/197

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flé sur ton berceau dans un volètement d’ailes. Blanche tu reposes immobile maintenant, dans cette statue marmoréenne qui fut toi.

Le satin cassant de la robe sculpturale, couleur des lèvres livides est parsemé de touffes de lis, de roses et de chrysanthèmes, qui s’unifient à la parure de la jeune femme. La tête pâle de la dernière pâleur, lourde d’un diadème de cheveux bruns, creuse l’oreiller où s’éternise le froid sommeil de la trépassée. Mais, il semble, en la regardant à la lumière vacillante des cierges, que ses paupières délicates et ses lèvres nacrées vont se mettre à battre comme l’aile d’un papillon. Triste illusion, ce que la mort scelle ici-bas ne s’ouvre que là-haut !…

Blanche, je sais pourquoi ce sourire qui court de tes lèvres aux roses, c’est d’avoir sommeil au milieu de ces fleurs immaculées comme ton nom ! C’est de planer dans l’espace immatériel et pur, vêtue de tulle nuageux, un jour que la terre est tout emmousselinée comme une chambre nuptiale, un jour, que dans les forêts, aux arbres engivrées de cristal comme des girandoles, un orchestre mystérieux chante la grande symphonie en blanc. Cette béatitude sereine qui rayonne sur tes lèvres de marbre, c’est d’aller préluder dans les pays éthérés au concert de l’éternel printemps, où la douleur et les larmes sont inconnues, où les pommiers et les aubépines, toujours blancs, nourrissent les ombres de parfum !…

Chère immortelle, tu peux chanter sur les cordes de nos âmes l’hymne à l’éternel amour, à l’espérance, le Noël de la Patrie, toi qui sais maintenant le secret des divines harmonies. Que ta blancheur s’incline sur le front de ceux qui te pleurent pour y déposer un suprême baiser de consolation.