Page:Côté - Bleu, blanc, rouge, 1903.djvu/285

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
277
bleu — blanc — rouge

Allons, il faut être gai ce soir et jeter à la richesse égoïste et morne un suprême défi ! Là bas, la maison seigneuriale avec sa massive architecture, ses grands murs de pierre qui suintent des larmes, fait une tache grise dans le ciel clair et projette une ombre sinistre sur la terre blanchie et purifiée, pour la venue du roi des pauvres… ?

Minuit !…

Un carillon sonore jette l’humanité à genoux : Et verbum caro factum est. Levez-vous, les miséreux, les mendiants, les déclassés, les parias, les affamés d’amour, votre Sauveur descend du ciel. Il a compté vos soupirs et vos larmes. Il vient vous consoler. Approchez, enfants ! Le fils du Très-Haut est frêle et timide comme vous ; venez mêler votre doux zézaiement au chœur angélique qui chante dans les airs.

Et in terra pax !…

Comme il est touchant, notre Noël ! Tandis que le baby anglais dévore des yeux une oie dorée et trépigne de plaisir à la flamme d’un traditionnel plum pudding, nos chéris s’acheminent avec mystère vers la crèche de l’Enfant divin ; ils marchent sur la pointe des pieds et viennent pencher leurs petites figures extasiées sur la paille du berceau. « Oh !… qu’il est beau !… » Une mignonne fillette esquisse un signe de croix tout de travers, avec le geste de chasser une mouche ; en vous souriant de côté, elle chuchote une petite chose que je voudrais bien entendre. Une autre prend sa mère par le cou et lui parle longtemps à l’oreille. Après ce colloque intime, l’inno-