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Papineau

biens et propriétés, meubles et immeubles et recevoir et jouir de rentes, revenus et profits de telles parties d’iceux à et pour leur usage, bénéfice et avantages respectifs durant le temps de leur vie naturelle. Et que tous et chacun des membres survivants du ci-devant ordre des Jésuites… il nous a plus, par notre haute faveur, de permettre au révérend Jean Cazot d’occuper les diverses parties des dits biens et propriétés et de jouir de leurs revenus… »

L’existence du protestantisme dépendait en grande partie des contributions volontaires. L’Église catholique avait divisé la province en sections sous l’égide du gouvernement. Elle était à la fois une puissance religieuse et un gouvernement responsable ni à la couronne, ni au peuple et qui se plaçait au-dessus de l’État. Son influence rayonnait dans toutes les sphères de la société. Elle existait pour le peuple, comme le peuple existait pour elle. Sa richesse était proportionnée à sa puissance. Si on a aboli la tenure seigneuriale, le système paroissial est toujours florissant. Il s’est même étendu aux townships qui avaient pourtant une garantie impériale, les exemptant de ces redevances. La conséquence fut que beaucoup d’Anglais protestants durent abandonner Québec, pour fuir un régime auquel ils ne voulaient pas se soumettre. Un ministre provincial, à qui ils se plaignaient, répondit :

— Tant mieux si les Anglais se trouvent assez mal dans Québec pour nous laisser !…

Le patriotisme a aussi son fanatisme.

Les Églises protestantes, de plus en plus se résignaient à leur rôle effacé. Troisième roue du char de l’État, elles ont renoncé aux pompes de ce monde, comme aux affaires du siècle. Tandis que l’Église catholique remplit le ciel et la terre, ordonne les événements, se substitue aux hommes politiques, s’empare de l’éducation, soumet les lois aux exigences de sa discipline, les autres se cloîtrent dans le silence et s’enlisent dans la routine des cérémonies du culte. Elles n’envoient même plus de pétitions qui restent, sinon sans réponse, du moins sans effet. Leur unique souci est de ne pas jeter de cailloux dans la mare