Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome I.djvu/103

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qu’il n’y a pas de lumière sans ombre, pas de joie sans douleur, pas de Prométhée sans vautour, pas de feu divin sans embrasement, pas d’originalité sans fièvre : — ils riraient. Si je leur disais que je ne changerais pas ma surexcitation contre leur quiétude, mon isolement contre leurs bals, ma sauvage médiocrité contre leur luxe de valets ; — ils riraient encore.

Première des qualités, aimable confiance en soi, ne m’abandonne pas ! Noirs découragements, restez sous mes pieds ! Je ne veux plus entendre la voix du désespoir. Je veux savoir ce que l’organisation de l’homme peut supporter de travail, de fièvre et de déceptions. Je m’avancerai dans le domaine de la Pensée, jusqu’au sombre empire de la Folie ; je sonderai le gouffre de la Révolte, jusqu’au rocher glissant où trône le Crime ; je boirai tout ce que contient d’écume et de lie la coupe de fiel. Alors seulement, je pourrai dire qui est fou, criminel et traître dans les Babylones qui croulent. Il m’est indifférent que les hommes m’accusent de folie, mais je ne veux pas qu’ils puissent me soupçonner d’idiotisme, d’esclavage ou de mensonge.

Gloire à toi, liberté !

Quiconque aura souffert ou joui par la pensée sera touché par ce livre, car je m’y suis proposé de retracer fidèlement les réactions provoquées dans un homme par le milieu qui l’entoure. De quelque parti qu’il soit, le lecteur impartial trouvera