Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome I.djvu/116

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les brins d’herbe percent le sol comme des milliers d’épées. Les oiseaux reprennent leurs chants joyeux, les ruisseaux courent plus vite ; la terre se prépare à recevoir le terrible soleil, J’entends au loin les armées qui s’alignent, les clairons qui résonnent, et le hennissement des coursiers. Les fusils reluisent : — l’humanité se prépare à recevoir un soleil non moins terrible. Nous touchons aux beaux jours et aux grandes délivrances.

Gloire à toi, liberté !

Chaque chose vient en son temps, les fruits, les fleurs, les étés et les hivers. — Chaque astre a son heure, et chaque homme a sa seconde. — Une révolution n’est pas un accident. — Un livre ne se produit pas par hasard.

Celui-ci répond aux aspirations de liberté qui se sont emparées des individus, et aux tendances d’union qui agitent les peuples. Son heure a sonné. Je ne suis pas plus maître de le retenir, que je n’étais maître de le concevoir.

Les hommes ne seront pas toujours divisés par des chefs. Un temps viendra peut-être où l’on me saura gré d’avoir dit des choses vraies. — Je ne m’abaisserai pas jusqu’à demander les suffrages des hommes d’aujourd’hui.

Gloire à toi, liberté !

Privilégiés sans palais, — déshérités sans pain ! Riches sans cœur, — pauvres sans familles ! Satisfaits sans entrailles, — prolétaires sans instruction ! Repus et affamés ! Tyrans et esclaves !… Écoutez-moi.