Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome I.djvu/138

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jours de juin 1848. Ne l’espérons plus ; ce fut son effort suprême, et jamais agonie ne se prolonge pendant cinq années ! Tout ce qu’il y avait de plus vivace en France, dort sous la terre brune. Nous qui restons, nous n’avons plus le souffle qui s’exhalait de ces mâles poitrines, leurs bras et leurs cœurs nous font défaut.

Avec son dernier soupir, la France révolutionnaire a légué aux nations la solution du problème social ; elle est morte, vaincue par les douleurs de l’enfantement. À d’autres à élever l’enfant de ses efforts. La France est morte à la Révolution. Son étoile, qui brillait au plus haut du ciel, s’est abaissée vers la terre avec celles des nations vieillies.

Peuples, cessez de diriger vers l’Occident vos regards d’espoir. Mages d’Europe, qui attendez un nouveau Messie, c’est de l’Orient qu’il viendra ; car c’est dans ces contrées que le soleil se lève, que naissent les religions, les révélateurs et les peuples.

Révolutionnaires socialistes, il serait puéril d’user nos yeux à pleurer sur des morts ! Que la démagogie fasse chanter des messes pour le salut de leurs âmes ! Je convie de nouveau les Cosaques au salut de la société, car je ne vois plus de Révolution possible que dans une guerre générale. Et seule, la Russie peut la déchaîner sur la vieille Europe.

Sacrilège soit mon invocation !… Ma voix libre ne compta jamais avec aucun pouvoir sur la terre ou dans le ciel. Est-ce ma faute si je suis né dans