Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome I.djvu/174

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une aspiration, il faut l’étudier dans tous ses mystères, et que les livres et les leçons des hommes ne nous profitent qu’autant qu’ils nous servent pour vérifier une impression puisée dans l’univers. Si j’étais contraint de reconnaître une autorité divine, je préférerais m’agenouiller devant le soleil des Chaldéens que devant l’Irrévélé des prêtres, réduit aux proportions d’une hostie sans tache.

Si ces pensées sont justes ou fausses, si elles sont innées ou acquises, si elles causent le bonheur ou le malheur des hommes, ce sont autant d’hypothèses sur lesquelles je pourrais, comme d’autres, développer une théorie. Je ne le ferai pas ; je dirai seulement que ces idées, puisées d’abord dans un naturel impressionnable, avaient été renforcées plus tard par les leçons systématiques et les admirations de commande sous lesquelles on avait prétendu courber mon intelligence.




Ce fut sans regrets que je quittai Paris, cette pourvoyeuse favorisée de la faim, de la prostitution et de la mort. Je la laissai, comme Sodome et Ninive, à l’orgie de son dernier banquet. Je n’allai pas non plus faire mes humbles adieux à la Faculté de Médecine, 83 réunion de docteurs qui récitent à de jeunes élèves ce que leur ont enseigné leurs vieux maîtres. Le peu que je savais, je l’avais appris moi-même, jamais je n’avais assisté à un cours, me souciant peu de meubler mon cerveau des nomenclatures grecques ou