Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome I.djvu/202

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priment comme autant de ligatures. Les hommes ne seront jamais assez nombreux pour épuiser ce que la terre rapporte. Les produits, l’industrie et les conceptions de chaque peuple sont essentiels à la félicité de tous. Établir un système de prohibition autour d’un pays, c’est le priver des meilleurs produits de l’univers. La vie de l’homme est-elle donc trop longue et ses organes trop faibles pour qu’il se prive lui-même des rapides jouissances et du bien-être précaire qu’il peut trouver ici-bas ?

Qu’on n’étreigne plus les nations entre des lignes de douane. Cela les flétrit comme des membres comprimés ; cela ruine l’humanité et la fait mourir de faim. Ne craignons pas que les caractères nationaux disparaissent parce que nul obstacle ne s’opposera plus 101 au bien être des peuples. Ces caractères sont aussi ineffaçables que les diversités imprimées partout sur le corps géant de l’univers.




SOUVENIRS.


Les souvenirs gravés dans le cœur sont les seuls qui ne s’effacent pas, et quand elle nous en raconte d’autres, notre mémoire nous fatigue, comme une radoteuse qui n’est plus bonne à rien.

Il y a cinq ans, je vis pour la première fois la Suisse du sommet du Jura. Je vivrais des milliers d’années, que je n’oublierais jamais ce sublime spectacle. Je reviendrais aux mêmes lieux,