Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome I.djvu/273

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l’Orient étincelant jusqu’à l’Occident pâle, depuis l’Abyssinie jusqu’au Groënland, les fils des hommes gémissent sous le joug de l’injustice. Je vais combattre pour la Liberté !

— Poursuis ton chemin, voyageur !

Qu’importe que ton bras soit novice ? Tu seras fort dans les batailles. Et comme un sillon de feu, ton épée s’ouvrira le chemin parmi les mercenaires qui défendent les trônes. Suis la vierge à l’œil noir dont la mâle beauté passionna Spartacus, Kosciusko et Toussaint-Louverture. C’est l’éternelle Liberté qui guide tes pas sur le monde éternel.


— Où vas-tu, voyageur ?

Ton équipage a roulé sur les pavés du manoir, six chevaux y sont attelés, plus ardents que ceux qui boivent les eaux du Phlégéton amer. Ta cour, ordinairement silencieuse, s’est remplie de bruit ; çà et là courent tes serviteurs chargés d’effets précieux. Le cor résonne sur la vieille tour, les piqueurs sont en selle, et l’aboiement des chiens répond à la fanfare joyeuse.

Je vais voir du pays. Je suis las de la monotonie que la richesse traîne à sa suite, le bruit des fêtes m’assourdit. Ces créneaux, ces forêts, ces prairies et ces chasses ne m’offrent plus rien dont je ne sois rassasié. La stupide opinion, la sollicitude de ma famille et de mes maîtresses me sont à charge. Je veux secouer mes chaînes, tuer le temps et me fuir moi-même.

Je saurai comment le soleil se mire dans les