Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome I.djvu/331

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passer dans ses cheveux, planer avec des ailes sur ces régions où rien n’est souillé :

Ni le soleil du matin par les exclamations des gens des villes, ni l’herbe par les bêtes de labour, ni la glace par l’opulence, ni le vautour par l’oiseleur, ni le rocher par la poudre…

Qui me le donnera ?




Ô Grütli ! libre encore, parce que ta glorieuse pauvreté n’a tenté la convoitise de personne, tu n’es plus guère visité que par le soleil levant et par les proscrits. Quand elles s’allument, les lumières du ciel illuminent les sommets des monts ; ce n’est que plus tard qu’elles descendent dans les plaines.

Terre, ma mère, ici tu es à moi tout entière, et mon regard n’est pas affligé par le spectacle de milliers d’hommes qui se disputent une place sur ton sein. Ici tout m’appartient : l’air qui passe, le temps qui ne se mesure point, l’espace infini, la cascade fumante, les fleurs qu’aucune main ne cueille, la première écume du torrent.

Génie de la liberté ! c’est ici que tu résides. Tu t’entoures des génies des abîmes, des esprits qui vivent dans les fissures des rochers, des naïades des sources froides, des sylphes qui se mirent dans les grottes irisées, des anges aux mille couleurs qui se jouent dans l’arc-en-ciel, et de ces divinités plus puissantes qui commandent à la foudre et aux tempêtes.