Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome I.djvu/336

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de Laüterbrunnen, qui verses tant de larmes ; Reichenbach enchanté, grottes du Rosenlaüi, avalanches de la Schaïdeck ; Louëche, qui rends la santé et la joie ; Interlaken, ravagé par les touristes ; Zurich, patrie de Gessner et de Lavater ; belles femmes de Berne, qui serrez vos corsages noirs avec des chaînes d’argent, Valaisannes à la coiffure brillante ; haleine du matin, journées de voyage, brises des soirs, nuits de bon repos ; pure atmosphère des monts, extases de l’âme, premières amours de la nature !… On ne jouit de tout cela qu’une fois !

Suisse du Grütli, Suisse du quatorzième siècle et de la liberté, je te dois tout ce qui fait l’homme, la vie de l’intelligence et la vie du cœur. Tu m’as animé de cet esprit de révolte et de justice sans lequel je ne serais rien qu’un singe ou un esclave. Dans les plaines de France, je n’eusse acquis l’estime du monde et ses biens positifs qu’au prix du quiétisme de ma pensée et de l’abaissement de mon front.

Jeunes hommes qui rêvez liberté, allez chercher un refuge dans l’arche, allez visiter la Suisse, allez boire de l’eau des fontaines du Grütli !




PRESSENTIMENTS.


L’aurore entr’ouvre doucement les paupières de la nature. Un pâtre chante le Ranz-des-Vaches.