Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome I.djvu/339

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Fidèles confédérés ! déployez vos étendards : — l’aigle noire qui garde les clefs de Genève, les étoiles du Valais, la bannière de Vaud, aux couleurs d’espérance, les ours de Berne, les armes des nobles villes de Bâle, de Lucerne et de Zurich. — Les grands jours sont venus. Sonnez le cor d’Unterwalden ; que le taureau d’Uri mugisse dans les vallées qu’il aime, que les cloches de Schwitz bondissent sur les églises ; que les cantons se groupent autour du Waldstætten.

Vos arsenaux regorgent de trésors de guerre. À Berne, à Soleure, à Bâle, à Fribourg, à Chillon, à Lucerne, à Schaffouse, les canons sont dévorés par la rouille. Alignez-les sur les crêtes des collines, descellez les rochers, fermez les vallons avec les chaînes de fer dont se servaient les fédérés de Morgarten, brûlez villes et villages, fourbissez vos carabines, et tirez ! Feu partout, feu toujours ! Ne comptez que sur vous-mêmes pour rester indépendants. Les grandes puissances civilisées tremblent comme à l’approche des grands fléaux. La France et l’Angleterre sont pourries au cœur.

Écoutez, écoutez ! la guerre retentit sur toutes les Alpes.


Seule, la Suisse peut échapper à la mort, si elle sait se délivrer de ses gouvernants timides que firent asseoir un jour la Diplomatie louche dans les conseils d’un peuple où la Force, au regard fier, avait régné jusqu’alors. Ces hommes jettent bas l’édifice des siècles, ils saccagent sans pitié les