Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome I.djvu/366

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vilisation qui les paie ; je la fais contre tout ce qui condamne et exécute, contre tout ce qui laisse condamner et exécuter.

Ils jettent de la boue sanglante contre le bourreau et ses valets ; ils les appellent les hommes rouges, les buveurs de sang, M. Samson, M. Charlot, M. Mardi. Sur leur passage, ils vocifèrent des menaces de mort ; ils condamnent leurs fils à hériter de leur charge, leurs filles au célibat et leurs familles à l’ignominie. Eh ! qu’ils laissent donc le bourreau pour ce qu’il vaut, et qu’ils ne regardent pas de si près la poutre qui est sous ses pieds. Le bourreau fait son travail ; ceux qui l’insultent et le laissent faire sont plus lâches que lui, et leur pain ne leur coûte pas aussi cher à gagner !

Je le déclare nettement, je souhaiterais de bon cœur, que tous 210 les civilisés fussent obligés de tirer tour à tour le cordon de M. Samson, et qu’il ne leur fût pas loisible de se racheter de cette corvée comme du service militaire. Je serais vraiment curieux de savoir si un seul oserait s’y refuser. Vous verriez qu’ils prétendraient qu’il n’y a pas de sot métier, et qu’ils sont des bourreaux très distingués. Je souligne cette expression, elle me réjouit dans un temps où toutes les intelligences se confondent dans le plus bas servilisme !

Tous ceux qui laissèrent mourir Montcharmont sont coupables au même titre que le bourreau. Lavez vos mains, esclaves, mieux que cela, encore mieux ; savonnez, frottez, usez, brûlez votre épiderme ; déchirez vos chairs avec un crucifix rouge !