Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome I.djvu/375

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met en avant pour défendre ses actes les plus lâches, les plus criminels !




On vous a appris, dans les écoles, que l’homme n’avait pas de droits, mais seulement des devoirs ; — que l’individu ne devait jamais avoir raison contre la société, ni la minorité contre la majorité ; — que la Liberté était un mot, et l’ordre, un dogme ; — que l’autorité était nécessaire pour maintenir l’ordre, et la violence et la peine de mort indispensables pour maintenir l’autorité. On vous a répété à satiété que le gouvernement était le boulevard de la société ; que force et raison doivent toujours rester au pouvoir. Vous croyez fermement que l’individu est dans tous les cas fautif, mauvais, impuissant, injuste, et que toujours la société est infaillible, bonne, toute-puissante et toute juste. D’où vous concluez que l’individu a toujours tort contre la société, et qu’il faut qu’il meure quand, justement ou injustement, la majorité à mille têtes réclame la sienne. Et vous ne sentez pas même combien est lâche cette majorité qui suce le sang d’un seul homme ! Vous êtes de la race de ceux qui condamnèrent Christ, Galilée, Jean Hus et Campanella, tous les plus grands noms dont l’humanité s’honore. Vous êtes de ces meurtriers impunis qui, appliquant des pénalités injustes et cruelles, forcent les oppositions à des revendications injustes et barbares aussi. Vous êtes les serviles exécuteurs de formules