Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome I.djvu/394

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la Révolution dans les antichambres. Et quand ils voient mourir un homme comme Montcharmont pour la liberté de tous, ils le condamnent, eux aussi, dans leurs tribunaux d’honneur, ils l’insultent et le renient. Cela s’est vu, cela se voit tous les jours ; les tribuns comme les gouvernements se croient le droit de sanctifier et de flétrir. »




Voici ce que lira la postérité dans un journal du temps, un journal belge ; car les journaux français n’avaient pas même la permission d’enregistrer les agonies des morts : [1]

» Vous n’êtes pas sans avoir entendu parler du trop fameux Montcharmont, braconnier de l’arrondissement d’Autun, condamné aux dernières assises de Saône-et-Loire, à la peine capitale, 228 pour avoir donné la mort à deux agents de la force publique. C’était hier le jour marqué pour son exécution.

» De bonne heure, une foule immense se pressait aux abords du lieu fatal. Le condamné, extrait à six heures de sa prison, non sans une vive résistance de sa part, est amené sur l’ignoble charrette jusqu’aux pieds de l’échafaud.

» À la vue de l’instrument du supplice, il pousse des cris affreux ; sa voix n’a plus rien d’humain. La peur de la mort[2] centuple ses forces d’Her-

  1. * [Erreur de l’auteur ; v. le récit de La Révolution de 1848 (journal de Chalon-sur-Saône), réimprimé dans L’Union républicaine d’Auxerre, 21 mai 1851. — M. N.]
  2. Croyez-vous que Montcharmont ait eu peur de la mort ?