Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome I.djvu/440

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qui craint la mort ou la souffrance se cramponne à votre main qui le soutient au-dessus de l’abîme. Dès qu’il n’a plus peur, il rentre en possession de son intégrité, de son égoïsme, de son moi et s’empresse de se libérer ; — l’expression est consacrée. Il n’est pas médecin, lui ; par conséquent il n’a pas besoin d’être titré en affectivité. Je n’adresserai donc pas à mes malades le sot reproche d’avoir été ingrats ; c’était à moi de leur en ôter la possibilité. Dans ce siècle-ci toutes les notions du 258 juste et de l’injuste sont comprises entre les colonnes du doit et de l’avoir.




La médecine, les médecins, l’École, la Faculté, l’Académie, la Famille médicale d’aujourd’hui me font horreur. Quand tous les autres privilèges, quand tous les autres sacerdoces sont attaqués sans réserve, il me déplaît que celui-là ne le soit que très timidement, et que son ennemi le plus irréconciliable, M. Raspail, borne ses projets de réforme à substituer sa divinité à celle d’Esculape et son système à celui des humoristes. La médecine, c’est l’empoisonnement ; il n’y a pas à la réformer, il n’y a qu’à la détruire comme tous les autres monopoles. Nous n’avons plus besoin ni d’école, ni de système, ni d’oracles, ni de guérisseurs ; c’est ce que je m’efforcerai de vulgariser bientôt, en suivant la marche d’absolue négation dont je ne m’écarte jamais.

Ne cherchez pas de médecins philosophes au-