Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/102

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lever contre le ciel et traverser l’éternité, s’affaisseront comme des bons-hommes d’argile sur leurs piédestaux de sapin. Dès la première secousse révolutionnaire, nous assisterons à cette toute petite démolition. Personne ne remarquera 49 leur mort, un calembourg les avait fait naître, un calembourg les fera rentrer dans le néant dont ils n’auraient jamais dû sortir. Et l’on écrira sur leurs tombeaux : canards, ils ont vécu ce que les canards vivent, assez longtemps encore pour scier le dos de leurs concitoyens !

DE PROFUNDIS ! !


XVII


Je travaille comme le semeur, le rude paysan qui repousse du pied les vipères, les mauvaises herbes et les cailloux qu’il trouve sur sa voie.

Raboteurs de phrases ambitieuses, agréables diseurs de riens, beaux aligneurs de citations, intrépides fouilleurs d’antiquités, poétaux incompris et bien dignes de l’être, savants mécaniques, compilateurs perfectionnés, mites papyrivores, grands boas assimilateurs de toute substance spirituelle, critiques impartiaux à un écu l’article, robustes imaginations qui créez autant de nouvelles qu’il y a de jours dans l’année, joyeux parasites des tables bien servies et des bourses bien pleines, immortels écrivains qui vivrez autant que la ville capitale dont vous faites l’honneur, illustres lau-