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bauchages et les débauchages de la Révolution.

Le calicot tord son nœud de cravate avec l’intention longuement préméditée de se distinguer du vulgaire ; il fait valoir les effets qu’il porte, par une coupe et un dessin tout particuliers, par d’imperceptibles filets de couleur qui tranchent quelque peu sur le noir uniforme de ses semblables. — Le perruquier tire sa raie bien au milieu du crâne, ou sur le côté droit, tout au moins il proteste de quelques cheveux contre la ligne généralement suivie. — Le tailleur se singularise par les prétentions ambitieuses de ses pans d’habit ou des plis de sa culotte.

Ne demandez pas d’autres protestations à ces honnêtes boutiquiers. Chacun fait ce qu’il peut. C’est déjà beaucoup pour les lévites de la Mode de déclarer la guerre à leur patronne et d’imaginer, dans un accès d’orgueil, que l’homme puisse adapter anarchiquement ses habits à son corps.


Les libres, ceux qui s’absorbent dans un travail sérieux, défient depuis longtemps les mille vexations de l’Usage. Ils sentent que l’âme ne saurait être grande en un corps enchaîné. — L’artiste et le révolutionnaire laissent croître cheveux et barbe tant qu’ils ne sont pas gênés par leur longueur. — L’homme des champs, l’homme de lettres, l’homme de mer, l’ouvrier enfin, le bon ouvrier, quoi qu’il fasse, où qu’il vive, se met à l’aise pour faire son œuvre. — Le fonctionnaire lui-même, étiquette marchante, légale et vivante, se