Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/177

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réclames l’empire pour nous combler de joie.

Ne va pas cependant, ô Liberté chérie, près des hommes trompeurs. Tu les entendrais prononcer respectueusement ton saint nom qu’ils abhorrent. Tu voudrais les aimer, t’élancer dans leurs bras ouverts. Et ces misérables t’étoufferaient d’un baiser. Car ils adorent l’esclavage, les rois sont leurs idoles et les femmes leurs martyres.


… Mes forces s’épuisent. Mon corps est trop pesant, ma tête trop faible pour flotter plus longtemps sur l’élément liquide.

Réveille-toi, mon âme, à la réalité ! Reprends la chaîne de tristesse, rentre parmi les hommes, redescends en enfer, entends tous ces damnés !


IV


Ils déchirent en riant, ils rient en déchirant. — Quelques-uns chantent, le plus grand nombre pleure. — La famine les emporte par milliers, l’indigestion par dizaines. — Ils jouent à l’émeute, à la révolution, à la république, à l’empire, à la guerre, à la ruse, à la diplomatie. — Ils croient à la valeur des écus s’ils les ont en leurs poches. — Ils disent peu de bien, ils font beaucoup 99 de mal. — Ils causent de dévouement, de justice, de noblesse, de générosité, de Dieu, de diable avec autant d’intérêt qu’ils parleraient d’Irmensaül, de Michapous ou de l’isthme de Suez. — Ils s’obser-