Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/199

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te sourient de loin ? Est-il rien de nouveau sous ton auguste face ? — Es-tu le foyer d’éternelles discordes entre les 113 électricités contraires ? — N’es-tu rien qu’un portrait, un grand cadran vermeil, un grand œil plein de feu, une fenêtre céleste, un soupirail d’enfer ! — Es-tu vide comme une fournaise ? Es-tu peuplé comme un palais ? — Qui t’attire, te repousse, te promène, te meut, te pend, t’étale, t’allume et t’éteint si régulièrement ? — Te ressens-tu parfois de la terrible chute que tu fis dans la mer avec Phaëton, le présomptueux cocher ? — Combien as-tu de frères régnant sur d’autres mondes ? — Préfères-tu la Suisse à l’Espagne, l’Orient à l’Italie ? Préfères-tu l’air à l’eau, l’Océan à la Terre, l’homme aux autres vivants ? — Prends-tu garde aux grands rois, à leurs armées nombreuses qui brûlent tant de poudre pour faire si peu d’éclat ? — M’as-tu vu seulement une fois, moi qui te contemple tous les jours, émerveillé comme un enfant, lorsqu’il voit passer un brillant général ?…


III


Grande Helvétie, que je t’aime, terre favorite du divin Soleil ! Que de fois enfoncé parmi les grandes herbes qui croissent sur tes rives, ô Léman, ô beau lac ! que de fois j’ai contemplé les Alpes gigantesques étincelant sous les adieux du flambeau du jour !