Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/250

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Liberté m’avaient frappé de bonne heure, dans l’âge où les opinions ne sont pas encore faites : donc il m’a fallu les acquérir plus difficilement par l’étude des nations dont je traversais les territoires. Il en est résulté que mes idées, ma diction et ma propagande ont pris un caractère plus général, moins actuel que celles des auteurs qui végètent dans leur pays, crachant sur leurs tisons, gagnant à ce métier et goutte, et rhumatismes, et rentes bien lourdes à la pensée nerveuse !

J’ai soutenu qu’on pouvait créer une littérature qui eût la Franchise pour règle, la Justice pour principe, le Monde pour soutien, les Peuples pour lecteurs, la Souffrance pour aiguillon, l’Harmonie pour compagne, la Liberté, la sainte Liberté, pour inspiration et pour but ! Je l’ai nommée la Littérature de l’Exil.

Je l’ai rêvée sonnant le glas de mort du privilège, battant le rappel des révolutions futures, tenant dans sa main ferme la torche, la faulx et le pamphlet strident, déployant devant les déshérités l’étendard de la Vengeance, courant, de son pied libre, sur les monts et les flots !

Je l’ai conçue découlant de la plume d’un homme jeune, sans réputation, sans engagement avec les partis, sans livres, sans encouragements, sans ressources, sans autre mobile que sa conscience !

Et sans hésiter davantage, sentant ma résolution plus sainte, ma décision plus ferme que toutes les intrigues de l’ambition vénale, je jetai par