Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/252

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Je n’appelle pas ainsi les petits factums, les rééditions, contrefaçons, pastiches, marqueteries, plagiats puérils, dérisoires, plats, exhumés des vieilleries politiques de 93.

Je n’appelle pas ainsi les journaux qu’on a tenté de faire naître en exil, et qui tous ont misérablement péri dans leur nationalisme chétif, sous la cruelle étreinte de partis étranglés.

Je n’appelle pas ainsi les discours, toasts, sermons, ululations, chansons à boire frrrançaises, gaudrioles éminemment démocratiques qu’on hurle devant peu de partisans et beaucoup de verres.

Je n’appelle pas ainsi tous les petits pamphlets doux-amers qui n’écorchent personne, n’ébranlent rien, nient et affirment moins encore, et nous apprennent solennellement que la terre est ronde, Ledru-Rollin bel homme, Napoléon laid, Joinville sourd, et Chambord affligé.

Je n’appelle pas ainsi ce fatras d’arrêtés, de manifestes, proclamations, professions et confessions de foi, décrets, avis, programmes : pauvres fœtus avortés sortis des mille crânes rivaux de nos petits Jupiters modernes.

Je nomme tout le tas des salades, des salades démocratiques 149 et sociales où chacun apporte sa feuille, dans lesquelles on met peu de vinaigre et beaucoup d’huile, dont tous mangent par politesse en se tenant le cœur à deux mains, qui fatiguent autant à digérer qu’à faire, qui n’excitent, n’enflamment, ne désaltèrent, ne nourrissent